Je suis devant vous comme un effroyable néant de tout bien : il ne me reste qu’une timide et mourante espérance, et c’est encore, Seigneur, un de vos dons… « La cause première de tous mes maux n’est pas, à beaucoup près, récente : j’en portais depuis plusieurs mois le germe dans cette mélancolie aride et sombre, dans ce noir dégoût de la vie, qui, s’emparant de mon âme peu à peu, finit par la remplir tout entière. […] Ce qui me plaît dans le parti pour lequel je m’étais décidé, c’est qu’il finirait tout, et qu’après l’avoir pris je ne vois pas quels sacrifices il resterait encore à faire : mais cela même n’est peut-être qu’une illusion et qu’un désir produit par un retour subtil de l’esprit de propriété et l’ennui de la souffrance. […] Il avait ses raisons pour penser et dire, comme il fit dans la suite : « Trop de littérature effémine l’esprit, qui finit par mourir phtisique. » Il n’eut guère jamais que la littérature nécessaire, celle qui lui servait d’arme et d’argument, non pas celle qui est agrément, douceur, oubli, passe-temps et délices.
La pièce commence : il écoute d’abord avec la physionomie la plus épanouie comme pour narguer ses voisins : l’intérêt peu à peu s’engage ; l’émotion gagne ; mais, quand vient la scène où Eulalie épanche son âme brisée dans le sein de la comtesse, on ose à peine respirer ; on n’y tient plus, on entend dans la salle quelques soupirs oppressés, puis des sanglots : la figure du mauvais plaisant s’altère elle-même ; il retire ses mouchoirs, et finit par s’en servir discrètement pour essuyer de vraies larmes. […] Enfin, à force de la tourmenter, elle a fini par prendre le ton d’une reine détrônée : “Voilà quatre ans que j’ai réfléchi ma démarche d’aujourd’hui. […] Ce mot les fit rire, tout fut fini par là.