Avant d’arriver aux paroles prononcées par Maurice, qui vont changer la destinée du grand veneur, le lecteur est obligé de subir des causeries sans fin et qui n’ont aucun rapport direct ou indirect avec les personnages engagés dans l’action. […] Or, il nous semble que, pour montrer clairement les liens qui unissaient les salons à la science, il eût été raisonnable de définir nettement le caractère de la science philosophique à la fin du dernier siècle ; étant donné deux termes dont l’un commande au second, la pensée prise en soi et la société vivante, il y a au moins de la puérilité à parler de l’obéissance du second terme sans avoir décomposé, c’est-à-dire expliqué, le premier. […] Guizot pèse les compliments au lieu de les compter, il n’a pas dû être satisfait ; car M. de Ségur, en parlant des travaux historiques du nouvel académicien, les a caractérisés assez confusément ; il a compris dans la même série de phrases admiratives l’Histoire de la Civilisation européenne et l’Histoire de la Civilisation française, comme s’il se fût agi d’une histoire unique ; il a exalté cette histoire comme un monument impérissable, comme l’accomplissement d’une immense volonté, comme la réalisation d’une idée trop grande pour être mise en œuvre par un seul homme, et pourtant menée à bonne fin par M.
Lisez et relisez son œuvre, examinez, considérez d’un peu près le fond et la fin de sa méthode, vous ne trouverez rien de plus, dans l’éclectisme, que l’affirmation du droit de Victor Cousin à reprendre dans tous les systèmes le bien de Victor Cousin ; et son « observation de soi-même par soi-même » n’est qu’une application de l’individualisme aux choses de la philosophie. […] H. de Balzac, son article [20 septembre 1840], à la fin de l’édition Hetzel de La Chartreuse de Parme ; — P. […] L’influence d’Alfred de Vigny ; — et qu’elle s’oppose presque par tous les points à l’influence du romantisme. — Il a libéré le poète de l’obsession du Moi ; — et de l’adoration superstitieuse de la nature. — Aux « thèmes » lyriques du romantisme, — qui ne pouvaient être que des motifs généraux ou indéterminés, — et, comme ceux des « pianistes », un prétexte à virtuosité, — il a substitué des « idées » précises ; — dont ses fictions [La Mort du loup, La Maison du berger, La Bouteille à la mer] ne sont que l’enveloppe ; — et c’est le vrai symbolisme ; — et c’est donc la grande poésie. — Et il a fait enfin des « poèmes », — qui ont un commencement, un milieu, une fin ; — dont le développement se proportionne à l’importance humaine de l’idée qu’ils expriment ; — et ainsi n’a pas uniquement pour mesure le caprice du virtuose ; — ou la capacité de souffle du poète. — Qu’on ne saurait trop regretter, pour toutes ces raisons, — que de certaines qualités d’artiste, ou même d’écrivain aient fait défaut trop souvent à Vigny ; — mais qu’il n’en demeure pas moins un très grand poète ; — et l’auteur de quelques centaines de vers au-dessus desquels, — s’il y en a dans la langue, il n’y en a pas beaucoup.