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375. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Fille d’une mère galante qu’entretenait un fermier général, mariée comme provisoirement au neveu de ce dernier, il sembla de bonne heure que toute la famille, en la voyant si séduisante et si délicieuse, la destinât à mieux, et qu’on n’attendît plus que l’occasion et le moment. « C’est un morceau de roi… », disait-on de toutes parts autour d’elle ; et la jeune femme avait fini par croire à cette destinée de maîtresse de roi comme à son étoile. […] On le vit, pour ses débuts, successivement épris des trois sœurs filles de Mme de Nesle, tant l’habitude et une sorte de routine le dominaient encore jusque dans l’inconstance. […] Les Maurepas, les Richelieu, se révoltèrent à l’idée d’une bourgeoise, d’une grisette comme on l’appelait, usurpant le pouvoir réservé jusqu’alors aux filles de noble sang. […] Mme de Pompadour avait eu de son mari une fille, Alexandrine, qu’elle éleva avec un soin extrême, et qu’elle destinait à un grand parti. […] Mme de Pompadour voulut voir ce fils du maître, trouva moyen de se le faire amener à Bellevue où elle avait sa fille, et, conduisant le roi dans une figuerie où étaient, comme par hasard, les deux enfants, elle lui dit en les montrant tous deux : « Ce serait un beau couple. » Le roi resta froid et donna peu dans cette idée.

376. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Ils venaient à l’appel de la corne de cuivre, les gars de ferme, un bâton à la main, des brins d’herbe et de la terre encore attachés à la semelle de leurs souliers du dimanche, ils tendaient le bras par-dessus les épines, ils sautaient les talus ; elles venaient aussi, les filles roses, gardeuses de vaches, hébétées de silence, et même les fermières, un peu honteuses d’être vues et pressées de rentrer à la maison. […] Pour peindre la fille de la malheureuse Fantine, abandonnée, livrée à un couple affreux d’aubergistes de campagne qui la maltraitent, il met presque autant de pages que pour raconter Waterloo ; il accumule des détails et des scènes d’une puérilité admirable et profonde. […] Tout en rêvant et tout en jasant, tout en faisant de petits trousseaux et de petites layettes, tout en cousant de petites robes, de petits corsages et de petites brassières, l’enfant devient jeune fille, la jeune fille devient grande fille, la grande fille devient femme. […] Remarquez d’ailleurs, qu’en peinture également, toutes nos préférences s’attachent aux peintres de la vie d’intérieur… Une vieille fille qui file près d’une fenêtre, d’où tombe un rayon de soleil ; une porte s’entrouvrant sur une chambre qu’on devine paisible ; la perspective d’une rue calme et déserte, retiennent longtemps notre attention et nous suggèrent mille pensées.

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