De même, quand la sèche et sifflante Mme Astier l’attend à la fin pour lui jeter sa haine à la figure et pour lui apprendre que, s’il est arrivé à l’Académie, c’est qu’elle s’en est mêlée (… Et elle précisait les détails de son élection, lui rappelait son fameux mot sur les voilettes de Mme Astier, qui sentaient le tabac, malgré qu’il ne fumât jamais… « un mot, mon cher, qui vous a rendu plus célèbre que tous vos livres »), je cherche quel intérêt peut avoir une personne si fine à désespérer et à chasser d’auprès d’elle un mari qui ne serait rien sans elle, il est vrai, mais sans qui elle serait moins encore. […] Jamais on n’a fait un si prodigieux usage de toutes les « figures de grammaire » abréviatives, de l’anacoluthe, de l’ellipse et de ce qu’on appellerait, s’il s’agissait de latin, l’ablatif absolu. […] Je n’ai rencontré ce matin, dans la campagne, que des figures tristes.
Or, cela étant, supposez qu’il s’introduise tout à coup dans une langue une figure qui permette de substituer continuellement à des termes abstraits des images, à l’expression propre une expression vague-et indéterminée ; et voyez-en l’effet. […] Les critiques du temps déchiraient ces grandes figures, et, en prenant les lambeaux, qui n’offraient plus alors que des associations de mots en apparence fort bizarres, ils demandaient par exemple ce que signifiait le vent de la mort et ces orages qui devaient emporter René dans les espaces d’une autre vie. […] Mais encore une fois ce n’est pas son but ; et quand il arrive au génie, il oublie ses deux images, il brise ses deux miroirs, et, au lieu de contempler son objet spirituel dans un emblème physique, il change d’inspiration, il se sert d’expressions abstraites ; il parle des accès d’une sainte manie , de l’ardeur qui le possède ; il prend ses figures à toutes sources : rien n’est suivi ; c’est une manière fragmentaire et hachée.