— un lapidaire de mots qui taillait, chaque jour, en secret, quelque facette de plus au diamant d’érudition qu’il nous tenait en réserve, et dont tout à coup, comme une femme à souper, il envoie les feux dans les yeux des érudits myopes et aveugles, pour les leur ouvrir ! […] cela n’est-il pas digne d’étonnement, et après l’étonnement d’attention, et de la part de ceux qui savent, qui, ayant vocation pour lire son livre comme Cassagnac pour l’écrire, peuvent dire si son diamant est vrai ou faux, et de la part de ceux qui, comme moi, le croient vrai, et peuvent d’ailleurs juger du feu qu’il jette et de la hardiesse de sa coupe, et de l’adroite et longue patience du lapidaire qui l’a taillé. […] Ce sera ce qu’il fut en politique, quand le terrible feu de la politique, dont il a été l’un des plus robustes chauffeurs, dévora en lui l’homme littéraire, mais sans parvenir à le consumer jamais.
Pour peu qu’on ne soit pas un cuistre, on entend aisément et on peut traduire toujours bien ce qui est de pur génie ; car le génie, comme le feu, brille malgré tout, et, comme le feu, dévore tout obstacle, même celui d’une langue opaque, mal maniée par un traducteur. […] C’est cette vie brillante des feux qui ne s’allument qu’une fois, de la flamme, vierge et céleste, d’un premier amour, et qui conduit deux êtres charmants à la mort partagée, à la tombe partagée, comme fut partagée en un clin d’œil toute leur vie !