Mais, au reste, il a toutes les chances : il connaît depuis longtemps sa femme, qui est une petite amie d’enfance ; il l’aime et il est aimé d’elle. […] » Il est inquiet en songeant que ce bonheur ne sera pas éternel ; que, peut-être, quand il sera de retour à Paris, il regrettera sa vie de garçon et que la grande ville le disputera à sa femme. […] Sa compagne devient grosse… Je connais des gens qui, s’ils avaient une femme et si cela lui arrivait, auraient la candeur de s’en réjouir. Mais il est, lui, profondément désolé, parce que cela va le déranger dans ses habitudes et parce qu’il n’aura plus sa femme à lui tout seul… L’enfant vient au monde. […] » il se détourne avec horreur ; et quand la brave femme fait la même tentative auprès de l’accouchée, celle-ci « répond par un geste de suprême lassitude et se détourne ».
C’est un roman sans une seule femme et avec tous prêtres ! […] Un roman sans femmes, en plein Paris, en pleine civilisation du xixe siècle ! lorsque la femme empoisonne tout, les cœurs et les esprits, les lettres et les arts, et où, pour tout drame et pour toute histoire, on dit, comme pour le crime : Montrez-moi la femme ! […] Comme Godwin, ce fort romancier anglais qui le premier eut l’audace de faire un livre où l’intérêt n’est plus l’amour, Ferdinand Fabre s’est adressé à d’autres passions que celle de la femme, et il a prouvé que, démêlées par une griffe de moraliste qui sait les carder, elles sont d’un intérêt, pour qui les comprend, tout aussi intense que la banale passion de la femme, qui est au niveau de toutes les âmes, même les plus basses… C’est l’ambition aussi — comme l’auteur du Caleb William — que Fabre a mise en scène dans son nouveau roman ; mais c’est l’ambition spécialisée dans un prêtre, c’est-à-dire la plus profonde, la plus terrible et la plus grandiose des ambitions !