Il déroba la couronne tombée du front de sa famille pour la traîner de concession en concession, jusqu’au jour où il laissa lui-même, en fugitif, la double dépouille des siècles à la République. […] LVI De 1830 à 1848, M. de Chateaubriand, au milieu de ses pamphlets politiques et de ses voyages officiels aux lieux d’exil de la famille de ses rois, dont il professait le culte officiel, mais dont il portait le mépris secret, à son retour à Paris, en fut réduit à briguer la place de gouverneur du duc de Bordeaux. […] L’accouchement forcé en public de cette mère sans mari fut le crime contre la famille, contre la pudeur et contre la nature, commis par le roi Louis-Philippe. […] Bossuet prend pour borne milliaire de la route infinie des siècles un rocher stérile de Sion ; la famille humaine n’est que la race de Melchisédech.
Gilles, son père, était greffier à la Grand’Chambre du Palais : les Boileau, selon Dupin, étaient « une famille illustre dans la robe ». […] Mais tous ces Boileau, à en juger par les trois ou quatre individus de la famille que nous connaissons bien, tous ces Boileau n’étaient pas tendres, et notre poète, en particulier, n’était assurément pas né très sensible ni très délicat : aussi ne s’étiola-t-il pas, pas plus qu’il ne se renfrogna, dans le délaissement de ses premières années. […] À la cour même, il avait eu de bonne heure des défenseurs : le chirurgien Félix ; La Rochefoucauld et son fils ; Dangeau ; et puis, conquête plus précieuse, tous les Mortemart, chez qui il semblait que l’esprit fut un héritage de famille. […] Il y venait dîner avec des amis communs et causer belles-lettres ; ou bien il amenait sa petite famille, et Boileau, dépouillant sa gravité, jouait avec les enfants aux quilles, où il se piquait d’être de première force, ou les menait promener dans le bois de Boulogne.