Voilà pourquoi, au lieu de demander une armée équipée à ses propres frais, par conséquent composée des meilleures familles, des riches et des Eupatrides, Périclès a fait une armée dans laquelle tout le monde, pauvres comme riches, pouvait entrer, une armée pénétrée de l’esprit du temps et capable de le défendre. […] Il en est de même d’Arbelles : il ne s’agissait point de la famille de Darius et de la dynastie macédonienne, car l’humanité se serait fort peu intéressée à l’une et à l’autre ; mais à Arbelles (et c’est là peut-être la plus grande journée de l’antiquité) il a été déclaré que non seulement le nouvel esprit pouvait résister à l’ancien, comme il avait ôté vu à Salamine et à Platée, mais il a été démontré que l’esprit nouveau était plus fort que l’ancien, qu’il était en état de lui rendre ses visites et de les lui faire un peu plus longues. […] César était Cornélien par sa famille, non par son esprit ; il succédait, non à Sylla, mais à Marius, lequel succédait aux Gracques.
En ce moment il n’est plus seul ; il lui semble qu’il a retrouvé une famille ; il est courageux et fort, il n’a jamais été si éloquent, il n’a jamais prodigué davantage l’ironie et le sarcasme ; il pèse les grandeurs humaines dans sa main fébrile, il sème aux vents toute cette poussière mortelle comme une mauvaise ivraie ; il fait rire même le fossoyeur ; il est impitoyable pour tous ces morts, il n’a un peu de pitié que pour ce pauvre Yorick, ce garçon d’une gaieté infinie et d’une imagination charmante ; hélas !