Il sera facile de louer ce débat de la Miséricorde et de la Justice, qui encadre le mystère et la Passion, en lie les scènes, et en précise le sens : ce drame symbolique, se jouant dans le ciel au-dessus du drame humain qui l’explique, est une haute invention. […] En possession du droit de jouer leurs mystères, d’interdire à tous autres d’en jouer à Paris ou dans sa banlieue, établis à l’Hôpital de l’Hôtel de la Trinité, plus tard à l’Hôtel de Flandre, ils lurent peut-être les premiers à représenter le drame de la Passion : ils furent sans doute les promoteurs des vastes compositions cycliques, dont la permanence de leur théâtre leur rendait facile, autant qu’avantageuse, la représentation.
Et qu’on ne dise pas : « Cela n’est rien, c’est très facile ; ils font cela pour être mieux récompensés au ciel. » Car l’espoir d’un petit surcroît de félicité dans la béatitude absolue (chose d’ailleurs contradictoire) ne saurait provoquer un tel effort ; ou bien, si je ne m’étonne plus du sacrifice, ce qui m’étonnera, ce sera la profondeur et l’intensité du sentiment, amour ou foi, qui le rend facile ; et cela reviendra au même.