Voici, j’imagine, de quelle façon s’est formé, dans l’esprit de M. de Balzac, ce type de la grande dame, qu’il a tant de fois reproduit sous les mêmes noms ou sous des noms différents. […] L’art, la poésie, le roman, ne peuvent émouvoir et plaire qu’à la condition d’exprimer d’une façon exquise un moment, une attitude, une phase rapide de la figure ou de l’âme, du sentiment ou de la pensée. […] Il s’y était pris d’ailleurs d’une façon si émouvante et si pathétique, qu’on aurait eu bien mauvaise grâce à regretter ce qui n’y était pas en admirant ce qui s’y trouvait. […] Il faut se méfier de cette façon sommaire et expéditive de considérer les hommes et les choses d’une époque. […] Cousin nous raconte d’une façon si émouvante, et où madame de Hautefort exposa pour sa maîtresse sa réputation et son honneur, c’est-à-dire bien plus que sa vie.

Il est le libre causeur par excellence ; il a de l’ancienne société le ton, le goût, les façons déliées, avec tous les principes (y compris les conséquences) de la nouvelle ; il a de bonne heure épousé et professé les doctrines généreuses de son temps, et il n’en a pris aucun lieu commun. […] C’est que M. de Rémusat à son début, et de 1814 à 1818, fut d’abord un libéral pur et simple, sans tant de façons. […] Continuant de plaider la cause de la raison émancipée et des conséquences toutes nouvelles qui en découlent, il pose d’une façon absolue certains principes, il se complaît à dérouler certaines maximes générales qu’il est piquant, après tant d’années, de pouvoir confronter avec les résultats et de contrôler : « Les événements, écrivait-il, semblent avoir préparé la France pour l’application des théories, et les faits ont en quelque sorte travaillé pour les principes. […] de Rémusat compta de la façon la plus marquée, la plus directe.