Cet élève distingué de la première École normale, ce contemporain et ami intime de Victor Cousin, de bonne heure prosateur distingué, poète élevé et touchant, esprit mûr, est enlevé à la fleur de l’âge, à vingt-neuf ans, en 1820 ; il emporte avec lui les regrets, les adieux funèbres éloquemment exprimés de ses amis. […] Publiciste et poète, la courte vie de Loyson, si amoindrie encore par la maladie, fut partagée entre ces deux vocations opposées ; il a vivement exprimé cette gênante contrariété de goûts et d’occupations dans son Épitre à M. de Biran ; Quelle étoile sinistre, à me nuire obstinée, En guerre avec mes goûts a mis ma destinée ! […] » — Il exprimait ainsi une contradiction qui est en plus d’une nature littéraire, et plus d’un d’entre nous, que la démangeaison de produire a trop détourné de la douceur d’étudier, pourrait dire en ceci comme Louis XIV : « Je connais ces deux hommes en moi132. » Il s’est engagé une sorte de polémique bien tardive sur Charles Loyson ; dans un livre intitulé Victor Hugo et la Restauration (1869), M.
Si l’on pouvait apporter de la précision dans de semblables aperçus, je m’exprimerais ainsi : Pour les sentiments naturels, pour la rêverie, pour l’amour filial, pour la mélodie, pour les instincts du goût, l’âme, le talent de Millevoye est comme la légère esquisse, encore épicurienne, dont le génie de Lamartine est l’exemplaire platonique et chrétien. […] Un critique ingénieux l’a exprimé plus énergiquement que nous : « Millevoye a fait de charmantes choses, mais la force lui manque ; c’est Narcisse qui s’écoule en eau par amour. » 161. […] Nous retrouvons ce rapport de Millevoye a Lamartine délicatement exprimé dans une page du roman de Madame de Mably, par M.