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1434. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

En présence des productions naturelles, il fourmille de conjectures, de rapprochements ; il tâtonne à l’entour, proposant des explications, essayant des expériences, portant ses divinations comme autant de palpes flexibles et frémissantes aux quatre coins du monde, dans les plus lointaines régions de la fantaisie et de la vérité. […] Tant qu’elle bornait son effort à contenter la curiosité oisive, à fournir des perspectives, à établir une sorte d’opéra dans les cervelles spéculatives, elle pouvait s’élancer au bout d’un instant dans les abstractions et les distinctions métaphysiques ; c’était assez pour elle d’effleurer l’expérience ; elle en sortait aussitôt ; elle arrivait tout de suite aux grands mots, aux quiddités, au principe d’individuation, aux causes finales. […] Il faut, comme dans les industries, observer, essayer, tâtonner, vérifier, tenir son esprit fixé « sur des choses sensibles et particulières », n’avancer que pas à pas vers les règles générales, « ne point anticiper » sur l’expérience, mais la suivre, ne point supposer la nature, mais « l’interpréter. » Il faut, pour chaque effet général, comme la chaleur, la blancheur, la dureté, la liquidité, chercher une condition générale, en telle façon qu’en produisant la condition on puisse produire l’effet.

1435. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

On trouve souvent dans les auteurs latins pubes poil folet, pour dire la jeunesse, les jeunes gens ; c’est ainsi que nous disons familiérement à un jeune home, vous êtes une jeune barbe ; c’est-à-dire, vous n’avez pas encore assez d’expérience. (…) les cheveux blancs, se prend aussi pour la vieillesse. (…). […] Pour se bien conoitre en mets et avoir un gout sur, il faut deux choses ; 1 un organe délicat ; 2 de l’expérience, s’être trouvé souvent dans les bones tables, etc. : on est alors plus en état de dire pourquoi un mets est bon ou mauvais : pour être conoisseur en ouvrages d’esprit, il faut un bon jugement, c’est un présent de la nature ; cela dépend de la disposition des organes ; il faut encore avoir fait des observations sur ce qui plaît et sur ce qui déplaît ; il faut avoir su alier l’étude et la méditation avec le comerce des persones éclairées : alors on est en état de rendre raison des règles et du gout. […] Nous avons besoin d’impressions particulières, et pour ainsi dire, préliminaires, pour nous élever ensuite par le secours de l’expérience et des réflexions, jusqu’à la sublimité des idées abstraites : parmi celles-ci, les unes sont plus faciles à aquérir que les autres, l’usage de la vie nous mène à quelques-unes presque sans réflexion, et quand nous venons ensuite à nous apercevoir que nous les avons aquises, nous les regardons come nées avec nous.

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