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1990. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Quant à Mendès, il est vrai qu’en ces années, de 1895 à 1900 et ensuite, il attirait à lui et des anciens et des nouveaux-venus du Symbole, en même temps que les poètes qui s’essaient à des réactions néo-quelque chose. […] Au terme de sa vie, dit aussi Mauclair, il essaie une sorte de compromis entre le vers et la prose, dont il publia un exemple (Un coup de dé jamais n’abolira le hasard). […] Peut-être Mauclair essaie-t-il d’atténuer cette étrangeté quand il dit, lui aussi très dialecticien : « Par livre, Mallarmé entendait, comme Edgar Poe, une condensation de pensée et d’émotion restreinte, une sorte de vade mecum, spirituel, éblouissant, profond et bref  dont le symbolisme très concentré contînt une série de motifs de méditation sur lesquels pût s’exercer le travail personnel du lecteur  (L’art en silence, 1901)… Si nous traduisons, et d’ailleurs selon la pensée même de Mallarmé souvent à demi-avouée, c’est prétendre que chaque lecteur peut et doit de la même lecture tirer le sens qui lui agrée personnellement, et même à telle ou telle heure de son humeur.

1991. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Pour un homme qui a assez de loisir, de goût, de délicatesse et d’imagination pour s’abandonner sans réserve à ce jeu de l’esprit qu’on appelle l’art, qui se laisse tout entier attendrir et subjuguer par les accents pathétiques d’Iphigénie ou par la mélancolique chanson d’Ophélie, combien y a-t-il d’hommes dont le cerveau n’est peuplé que des images cruelles de la réalité vivante, qui n’ont ni l’heur ni le loisir de s’essayer ainsi sur la flûte des dieux, et qui le soir, las et meurtris d’un labeur avilissant, ont besoin qu’un coup de baguette magique les transporte dans un monde nouveau, réveille leur imagination engourdie et les ravisse à eux-mêmes et à la bassesse de leurs travaux journaliers ! […] En général, les hommes se laissent aller beaucoup plus facilement que les femmes à grossir l’effet représentatif de leur rôle ; cela tient sans doute à ce que les femmes possèdent à un plus haut degré la faculté d’imitation et d’assimilation, tandis que les hommes sont poussés par une puissance d’agir, difficile à contenir, à forcer leurs premiers effets et à en essayer de nouveaux.

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