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967. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

qui nous rendra l’opinion régnante dans l’Ordre des avocats, alors si entier et comme investi de sa première intégrité, l’esprit général de la magistrature d’alors, si stable, si courageuse et parfois si héroïque ? […] Les longs travaux et les années d’épreuves, quelques pertes même domestiques au sein de sa nombreuse famille, n’avaient en rien amorti l’esprit de Pasquier ni chagriné son humeur. […] Ainsi me dorlotant de corps et d’esprit…, etc. » Et il continue cette description aimable et souriante dans un style égayé qui tient à la fois de l’Amyot et du Montaigne. […] Ici encore on le retrouve fidèle à son esprit de voie moyenne et de prudence pratique élevée. […] Venu dans une forte époque, mais pleine de conflit et de confusion, il nous offre, à travers quelques défauts de forme et de goût, l’exemple de l’un des plus excellents, des plus solides et des plus ingénieux entre les esprits modérés.

968. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Pourtant les esprits éclairés d’alors, Grimm, Diderot, les autres esprits aiguisés par la rivalité et par la pratique de l’art, tels que Le Brun, distinguent très bien ses côtés faibles, communs dans leur fade élégance, et nous dénoncent en détail ses défauts que le temps en marchant a confondus aujourd’hui dans un seul, l’insipidité mortelle et l’ennui. […] Il y avait pour La Harpe à revenir de bien loin, comme on voit ; il sut en revenir, et il lui fallut pour cela toute son énergie d’esprit et tout son courage. […] L’élite des jeunes dames, des gens d’esprit et des littérateurs, tout ce qu’il y a de plus brillant à cette florissante époque de Louis XVI, entoure sa chaire. […] Il y a des régions pour les esprits et les talents : celle de La Harpe, c’était la région moyenne des esprits cultivés de son temps ; et c’est pour s’y être tenu et y avoir rassemblé toutes ses forces, qu’il a si utilement agi et si réellement influé autour de lui. […] Il était excellent pour donner aux esprits une première et générale teinture.

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