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2154. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre septième. »

Le dénouement de la pièce a, comme celui d’une bonne comédie, le mérite d’être préparé sans être prévu, et donne lieu à une surprise agréable, après laquelle l’esprit est comme forcé de rêver à la leçon qu’il vient de recevoir, et aux conséquences qu’elle lui présente. […] L’auteur commence par le plus grand ton… Un mal qui répand la terreur, etc… C’est qu’il veut remplir l’esprit du lecteur de l’importance de son sujet, et de plus il se prépare un contraste avec le ton qu’il va prendre dix vers plus bas. […] La Fontaine a raison d’arrêter l’attention de son lecteur sur le bon esprit de cette jeune personne, qui a songé à tout ; mais que de grâces dans cette précision : notez ces deux points-ci ! […] C’est-à-dire, ami de cet esprit, de ce folet. […] Trésor, fuyez : et toi, déesse, Mère du bon esprit….

2155. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

Pas de doute, pourtant, que cette femme, aux relations immenses, et plus Européenne encore que Française, qui touchait aux plus hautes sociétés de son temps et dont l’esprit, tout le temps qu’elle vécut, ressembla à l’urne penchée et bouillonnante d’un fleuve, n’ait laissé derrière elle d’autres lettres que celles qui ont donné sa goutte de vie à ce maigre livre de Weymar et Coppet, mort-né, sans ces lettres ! […] Elle l’a sacrée non pas seulement reine de beauté — les hommes suffisaient pour ce sacre-là — mais elle l’a sacrée, comme une « ingénuité céleste », et elle était, elle, en ingénuité, plus que l’égale de son amie, car l’ingénuité du génie (le plus grand ingénu que je sache) s’ajoutait à l’ingénuité de son âme… Femme d’esprit par-dessus le génie, qui manque d’esprit quelquefois, Mme de Staël, qui pouvait dialoguer avec Rivarol, n’a peut-être pas eu dans toute sa vie la cruauté d’une épigramme à se reprocher. […] La fixité, le solide établissement de l’esprit dans une idée première, l’impersonnalité, la vigueur objective, la rigueur dans la déduction, toutes ces choses de l’homme, quand l’homme a du génie, Mme de Staël ne les connaît pas ! […] Mme Sand, qui n’est pas plus un homme que Mme de Staël, qui n’a pas plus de principes premiers, pas plus de métaphysique prépondérante que Mme de Staël, n’a pas l’esprit critique, même dans la mesure où il est en Mme de Staël.

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