Valait-il mieux, laissant intactes les légendes, tirer de tel ou tel acte de tout à l’heure un problème moral bon à retourner ensemble, en attendant qu’il soit neuf heures et demie ? […] C’est une publicité de la pensée plus restreinte mais plus sûre que l’imprimé ; c’est aussi le plaisir de l’applaudissement direct, dans la figure, surtout quand on a comblé une petite salle de ses amis, bref c’est un ensemble de petites illusions, illusion de pensée, illusion d’éloquence, illusion de succès qui chatouillent ridiculement, mais si au bon endroit notre vanité, qu’on ne saurait citer aucun sage qui, ayant fait une conférence, n’en ait pas voulu tenter d’autre.
Nous l’avons dit déjà, Tallemant des Réaux n’est capable d’aucune conclusion de jugement inévitable et souveraine, d’aucune observation vigoureusement liée, d’aucune vue d’ensemble et supérieure, sur cette société qu’il picore, abeille d’une espèce étrange qui va aux puanteurs comme l’autre aux parfums, et qui ne sait pas même construire son rayon de venin comme l’autre son rayon de miel ! […] N’est-ce pas à croire que pour l’esprit aussi « qui a compagnon a maître », selon le dicton du roi Henri III, puisque Paulin Paris, un homme accoutumé à l’histoire, avec tous les avantages que lui donne le temps ou il vit pour juger le temps où Tallemant écrivait, n’est pas plus fort, quand il s’agit d’en embrasser l’ensemble et d’en agiter les problèmes, que l’homme vulgaire qu’il a commenté ?