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343. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Dans mes États et dans l’Empire vous ne sauriez vous refuser à accepter des placets, mais vous les donnerez tous à Starhemberg… Depuis Strasbourg vous n’accepterez plus rien, sans en demander l’avis de M. ou de Mme de Noailles, et vous renverrez à eux tous ceux qui vous parleront de vos affaires, on leur disant honnêtement qu’étant vous-même étrangère, vous ne sauriez vous charger de recommander quelqu’un au roi. […] Cependant il paraît bien ressortir de la correspondance de l’abbé de Vermond qu’il était fort sincèrement attaché à son élève et qu’il fut loin d’avoir, tout d’abord, auprès d’elle le crédit et l’empire qu’on lui a prêté. […] Son orgueil avait pris naissance à Vienne, où Marie-Thérèse, autant pour lui donner du crédit sur l’esprit de l’archiduchesse que pour s’emparer du sien, lui avait permis de se rendre tous les soirs au cercle intime de sa famille… » A Versailles on haïssait surtout en l’abbé de Vermond l’homme de Vienne ; il est aisé, de plus, de deviner dans l’animosité que lui a vouée Mme Campan quelque blessure d’amour propre ; la première femme de chambre de la reine, et un bel esprit prétentieux comme elle était, avait dû avoir, un jour ou l’autre, à se plaindre de lui ; elle le lui rend : « Il est très-probable », dit-elle, « par les relations constantes et connues de cet homme avec le comte de Mercy, ambassadeur de l’Empire pendant toute la durée du règne de Louis XVI, qu’il était utile à la Cour de Vienne, et qu’il a souvent déterminé la reine à des démarches dont elle n’appréciait pas les conséquences.

344. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Et quant à l’époque de l’Empire, je citerai un autre témoin encore, impartial et même favorable, le comte de Senfft, ministre de Saxe à Paris en 1806, et ensuite ministre des affaires étrangères à Dresde. […] La nullité même de la princesse de Bénévent (de cette belle Indienne si ignorante et, paraît-il, si sotte, qu’avait épousée M. de Talleyrand) n’échappa point à la colère de l’empereur ; elle fut exclue des invitations de la cour, vit exiler à Bourg-en-Bresse le duc de San-Carlos, objet de ses tendres préférences, et alla bientôt après cacher son ennui pendant quelques mois dans une terre qu’elle possédait en Artois25. » La chronique légère de tous les règnes, depuis la cour des Valois jusqu’à celle de Marie-Antoinette, est connue : il n’en est pas ainsi encore de celle du premier Empire. […] La voici telle qu’un témoin délicat et sûr l’a recueillie de sa bouche et l’a écrite aussitôt : « En 1814, M. de Talleyrand était à la tête d’une espèce de conspiration, dont le but d’abord fut de faire passer l’empire à Napoléon II, sous la régence de Marie-Louise ; puis, le but se transformant, il se prit à travailler au retour des Bourbons.

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