Il le traite de bas comique et de caricature ; mais, si je le regarde de près, l’Argan a l’ampleur, la justesse et la vérité de tous les caractères qui tournent autour d’une passion dominatrice, et qui en subissent, qu’ils le veuillent ou non, directement ou indirectement, l’empire ; je mets cette conception à côté des plus belles de Molière ; et, si je ne l’admire pas moins que je n’admire Tartuffe, c’est que Le Malade imaginaire n’est pas autre chose — je vais essayer de vous le montrer — que la comédie même de la maladie et de la mort ; ce n’est pas par cela même un sujet trop comique, il faut du génie pour tirer de là la comédie ! […] Je m’en vais te donner un louis d’or tout à l’heure, pourvu que tu veuilles jurer. » Ici, et dans tout le reste de la scène, il y a ce fait d’un homme qui possède tous les avantages du rang, de la fortune et de la puissance, qui rencontre sur son chemin un pauvre diable, un malheureux, et qui insiste, comme pour exercer sur lui son empire, de la façon la plus violente et l’humilier de la façon la plus profonde, qui insiste afin de lui faire faire ce que ce pauvre concevrait comme une action abominable : jurer, blasphémer Dieu.
Matelots de ma patrie, Vers l’Empire du Milieu Emportez-moi, je vous prie, Afin que je puisse un peu, Avant le dernier adieu, Ecouter la sonnerie Des couvents de Lao-tseu ; Tandis que dans la prairie S’ouvre avec coquetterie Ton cœur d’or bordé de bleu, Ô fleur de la rêverie ! […] Ces développements sont traités dans la manière fringante et claquante des chroniqueurs du second empire, d’un Villemot ou d’un Alphonse Karr. […] Il a cru devoir aussi augmenter le chiffre des fortunes, porter de vingt à trente-cinq francs le prix des souliers de satin d’Albertine, et nous avertir que « voyager en poste » est un anachronisme… Moi, j’aimerais qu’on jouât les comédies du second empire dans leur texte intégral et avec les costumes du temps.