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1054. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

La source s’annonçait déjà, ce semble, sous le gazon ; elle allait sourdre et jaillir, mais je ne sais quel obstacle tout à coup s’interpose et l’empêche d’arriver. […] Lorsque Ganganelli vient d’être élu pape, et que Carlin est allé à Rome, c’est un sentiment délicat que celui qui empêche le comédien d’oser se présenter familièrement à son ancien ami, malgré l’instance qui lui en est faite ; car ce comédien est Italien, il est catholique et dévot ; il révère, il adore presque dans cet ami, qu’il tutoyait la veille, le vicaire de Jésus-Christ sur la terre.

1055. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

* * * — J’ai vu aujourd’hui le modèle des maîtresses, la maîtresse d’un jeune Anglais phtisique, une Italienne assez attachée à la poitrine de son amant, pour l’empêcher de sortir tous les soirs, s’enfermant avec lui, causant, fumant des cigarettes, lisant, toujours couchée sur une chaise longue, et dans une attitude qui montre un bout de jupon blanc et les bouffettes rouges de ses pantoufles. […] Et en ce meurt-de-faim, exténué d’imaginations peureuses : la terreur de la police de l’Empereur qui en veut à son existence, à son talent, à ses amours, qui l’a empêché d’être le mari d’une petite actrice entrevue au soleil des quinquets, et qui a empoisonné son amoureuse avec des mouches cantharides — son poison redouté, — et qui l’a enterré dans son jardin qu’il retourne, sans cesse, pour retrouver son cadavre.

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