Je veux, parcourant l’histoire de ce passé, n’en retenir que ce dont nous pouvons tomber tous d’accord : la hauteur du dessein et la beauté de l’effort de M. […] … La France peut succomber momentanément sous l’effort d’ennemis qui, depuis cinquante ans, se sont si bien préparés à l’assaillir. Elle se relèvera si elle reconnaît bien le grand courant du monde, et si elle s’y plonge et s’y précipite… L’humanité, comme Dieu même, n’a que des idées fort simples et en petit nombre, qu’elle combine de diverses manières… » Il marquait alors la suite historique de ces combinaisons et il admirait ce long effort « logique » pour affranchir « le fils du père, le client du patron, le serf du seigneur, l’esclave du maître, le sujet du prince, le penseur du prêtre, l’homme de sa crédulité et de ses passions », pour mettre « légalité dans la loi, la liberté dans les institutions, la charité dans la société, et donner au droit la souveraineté du monde ».
Jeté avec éclat dans l’opposition, surtout depuis 1732, époque où il eut à se démettre de ses charges de cour, lord Chesterfield travailla de tous ses efforts pendant dix ans à la chute de ce ministère Walpole, qui ne tomba qu’en 1742. […] Tout ce petit cours d’éducation par lettres offre une sorte d’intérêt dramatique continu : on y suit l’effort d’une nature fine, distinguée, énergique, telle que l’était celle de lord Chesterfield, aux prises avec un naturel honnête, mais indolent, avec une pâte molle et lente, dont elle veut à tout prix tirer un chef-d’œuvre accompli, aimable, original, et avec laquelle elle ne réussit à faire, en définitive, qu’une manière de copie suffisante et estimable. […] Les grâces, c’est à elles qu’il revient toujours, car sans elles tout effort est vain : « Si elles ne viennent pas à vous, enlevez-les », s’écrie-t-il.