Ce qui nous importe surtout, c’est ce qui exprime les idées morales de Rabelais, et ce qui explique l’effet qu’il a produit. […] Montaigne parle d’abord des effets physiques attribués à la peur, comme le mal de mer, par exemple ; de là il passe aux coches, où il nous dit qu’il se sent atteint du même mal ; des coches il va au luxe, aux dépenses extraordinaires de certains princes de l’antiquité, à la magnificence des anciens que nous ne pouvons égaler, à nos prétendus progrès en toutes choses, au peu que nous savons, aux étonnements qui nous sont encore réservés, à la découverte d’un nouveau monde, aux cruautés commises contre ses habitants ; par là il revient à son idée que l’antiquité savait beaucoup de choses que nous ayons dû rapprendre : « Nous n’allons point ; nous rodons plustost, et tournevirons çà et là, nous nous promenons sur nos pas. » Remarquons, en passant, que ces tournevirements, où Montaigne compare le genre humain à une roue tournant sur un axe immobile, expriment une idée moins ingénieuse et moins juste surtout que celle de Goethe, qui représente la marche de l’humanité sous la figure d’une spirale. […] Quand les vices nous quittent, nous nous flattons que c’est nous qui les quittons216. » On attribue quelquefois cet effet au repentir ; je le veux bien ; mais « notre repentir n’est pas tant un regret du mal que nous avons fait, qu’une crainte de celui qui nous en peut arriver217. […] Il y a, dans l’état ordinaire des choses, une utilité si évidente à se conformer aux règles de la justice, le chemin de la probité se confond si bien avec celui de l’habileté, « qu’il est difficile de juger si un procédé net, sincère et honnête, est un effet de probité ou d’habileté233 ». […] Les points de religion les plus essentiels, comme les plus pressants motifs de conversion, y ont été traités : quel grand effet n’a-t-il pas dû faire sur l’esprit et dans l’âme de tous les auditeurs !
On ne sait pas trop ici quel est reflet et quelle est la cause, et ces choses sont probablement effet et cause tout ensemble. […] Il ne se montre pas par de bons mots, par des reparties vives et surprenantes ; ni par des effets de mémoire qu’on voit en d’autres enfants. […] Il peut exprimer les passions dans leurs grandes crises et leurs grands effets ; il ne peut pas en exposer les secrets ressorts et les minutieuses péripéties. […] Et c’était un « effet final de la vie de débauches de Musset » ! […] C’est l’effet que produit Descartes, que produit Auguste Comte, que produit Tocqueville.