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355. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice de Guérin »

Or, parce que Maurice de Guérin a écrit quelquefois des vers qu’on dirait tirés de l’Anthologie grecque, par exemple ceux-ci : Les siècles ont creusé dans la roche vieillie Des creux où vont dormir des gouttes d’eau de pluie ; Et l’oiseau voyageur qui s’y pose le soir Plonge son bec avide en ce pur réservoir. Ici je viens pleurer sur la roche d’Onelle De mon premier amour l’illusion cruelle ; Ici mon cœur souffrant en pleurs vient s’épancher… Mes pleurs vont s’amasser dans le creux du rocher… Si vous passez ici, colombes passagères, Gardez-vous de ces eaux : les larmes sont amères ; parce que de Guérin a quelques-uns de ces vers finis parmi les vers non finis, mais charmants dans leur ébauche, qu’il nous a laissés, il n’est pas pour cela le jumeau posthume d’André Chénier dans un genre différent, et l’appeler l’André Chénier du panthéisme est même une expression contradictoire.

356. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Laurent Pichat »

           Pas une herbe, pas un roseau, Rien n’a jamais ridé ton eau, rien ne la frise ; Rien ne la fait trembler, pas un souffle de brise            Et pas un coup d’aile d’oiseau. […]            L’aigle a peur, et s’en va chercher Plus bas l’eau des torrents vagabonde et sujette, Dont la rage distrait le touriste, et qui jette            L’écume au revers du rocher.

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