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1493. (1930) Le roman français pp. 1-197

Même Stendhal, dont l’œuvre pourtant ne décèle aucune imitation, aucun souvenir de celle de Richardson et de Walter Scott, en plusieurs endroits de sa correspondance, ne cache pas l’impression que lui avait faite ces devanciers de l’autre côté de l’eau. […] Victor Giraud, le roman en dignité, elle le rendait capable de porter la pensée, de traiter toutes les questions qui peuvent intéresser l’homme, de poser et discuter les cas de conscience… » « On peut dire que Rousseau a créé la formule du roman moderne, si presque tous les aspects qu’a revêtus depuis près de deux siècles le genre romanesque, roman personnel, roman lyrique, roman d’analyse, roman de mœurs, roman d’idée, roman à thèse, roman piétiste ou apologétique, ont leur origine commune dans La Nouvelle Héloïse. » … Sans les divagations horticoles, sociales, économiques de La Nouvelle Héloïse, Balzac se serait-il permis ses longues, trop longues dissertations politiques et religieuses, Hugo aurait-il inséré, non seulement dans Notre-Dame de Paris son chapitre sur l’Imprimerie : « Ceci tuera cela », mais dans Les Misérables, un interminable chapitre sur les égouts de Paris, chapitre qui en fait un des auteurs responsables de l’épandage des « eaux usées » à Gennevilliers et Achères ? […] Nous ne nous rappelons plus guère, de cette époque de la Restauration, que les poètes et les dramaturges, parce que la renaissance littéraire s’étendit alors à tous les genres, et que le drame romantique, la poésie romantique, éclatent de mérites que n’eurent pas fréquemment sous la Restauration tant de romans déjà « romantiques », mais d’ordinaire d’une tonalité « troubadour », ou bien au contraire fort noirs — tel le Han d’Islande de Hugo, ce Han qui boit dans un crâne humain « le sang des hommes et l’eau des mers », trait qui me fait aujourd’hui pouffer de rire, malgré l’admiration que je professe pour le géant du romantisme. […] Paul Bourget participent de ce genre ; aussi bien que, de l’autre côté de l’eau, ceux de Dickens et de Thackeray selon M. 

1494. (1888) Études sur le XIXe siècle

Rossetti, élève de Madox Brown — à peine son aîné de deux ou trois années, — avait déjà composé quelques-uns de ses poèmes, entre autres sa Damoiselle élue, qui devait rester un de ses sujets préférés : La Damoiselle élue se penchait en dehors, Appuyée sur la barrière dorée du ciel ; Ses yeux étaient plus profonds que l’abîme Des eaux apaisées le soir ; Elle avait trois lys à la main Et sept étoiles dans les cheveux… Ces trois jeunes gens étaient fort dissemblables de tempérament : « Je puis dire de moi-même, dit Holman Hunt, que j’étais un travailleur appliqué et même enthousiaste, poussé par la longue suite de mes difficultés antérieures et par l’opposition que j’avais rencontrée, et déterminé à trouver le droit chemin pour mon art. […] Le mot, le terme, type on ne sait d’où venu, Forme de l’invisible, aspect de l’inconnu… rouvant toujours le sens comme l’eau, le niveau ; Formule des lueurs flottantes du cerveau… Oui, vous tous, comprenez que les mots sont des choses… Du sphinx Esprit Humain le mot sait le secret… De quelque mot profond tout homme est le disciple ; Toute force ici-bas a le mot pour multiple… … Le mot fait vibrer tout au fond de nos esprits. […] Nous nous mîmes en chemin, en soutenant Anita à nous deux, et nous atteignîmes avec peine cette pauvre demeure, où nous trouvâmes de l’eau, dont la malade avait surtout besoin, et je ne sais quoi d’autre. […] D’abord il ne voit rien qui diffère de l’aspect habituel de la Hollande : une campagne implacablement verte, sillonnée de canaux, avec, ici et là, une haie, un groupe d’arbres, un moulin à vent ; des vaches couchées sur l’herbe, des troupes de canards ou d’oies et, glissant sur l’eau d’un canal, une barque où rame un paysan.

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