/ 2207
1145. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Mais le duc avait su bientôt se dégager de cette période orageuse et tourmentée, et parvenir à un état d’esprit plus lucide et plus doux ; aussi, en 1783, à l’anniversaire de sa naissance, je pouvais lui rappeler cet aspect de sa première jeunesse. […] Il loua la traduction de la Fiancée de Corinthe ; il rendit hommage à cette douce et candide nature d’Émile Deschamps, en homme qui n’a jamais connu l’envie. […] De douces images traversaient de temps en temps son imagination. — Dans un de ses rêves il dit : « Voyez… voyez cette belle tête de femme… avec ses boucles noires… un coloris splendide… sur un fond noir… » À un autre moment, voyant sur le sol une feuille de papier, il demanda : « Pourquoi laisse-t-on par terre une lettre de Schiller ? […] Sa poitrine était extrêmement développée, large et arrondie ; les muscles des bras et des cuisses étaient pleins et doux ; les pieds magnifiques et de la forme la plus pure ; il n’y avait nulle part sur le corps trace d’embonpoint, de maigreur ou de détérioration.

1146. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Ces douces sinuosités que décrivent autour du thème les variations, ces retours symphoniques, qu’est-ce autre chose, par une sorte d’unité conquise à la fois sur le temps et sur l’espace, qu’une double et symbolique réalisation du triomphe de l’infini ? […] Qu’importent les bons hasards de la naissance, les douces habitudes de l’existence commune ? […] Le plus austère des deux s’est privé des charmes qui séduisent la tendresse humaine et font que les portes de l’infini, en roulant sur leurs gonds à la parole du prêtre, semblent ruisseler de douces larmes et laissent luire au fond de l’inconnu qu’elles dévoilent un sourire de consolation. […] Alors, dans cette sublime solidarité d’un monde où chacun aura sa tâche, où chaque acte de la vie s’harmonisera dans l’universelle collaboration, la nécessité même de la mort deviendra douce, et nous n’aurons plus rien à regretter des promesses d’une doctrine révélée.

/ 2207