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890. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Né à Samos, voyageur en Orient et législateur de villes grecques en Italie, sa science des nombres, sa théorie morale de la musique, et la part qu’il lui donnait dans l’ordre même du monde céleste, attestent dès l’origine quelle influence l’imagination devait prendre sur la civilisation des Grecs. […] Quoiqu’il n’eût pas été disciple de Pythagore, il reçut la tradition récente encore de ses leçons : il y joignit les voyages en Orient, dont profita de bonne heure le génie grec, à part la supériorité que ses lois et ses arts lui donnaient sur les peuples que la Grèce appelait barbares. […] En même temps que, dans ses vers, il se donnait pour un être surnaturel, ou du moins pour un être humain rendu de nouveau à la terre, après avoir passé par les cieux, tout son langage recommandait le culte des dieux et le respect de la vertu. […] Si tu le cherches avec ardeur, il te sera donné d’apprendre jusqu’où peut s’élever la pensée mortelle. » Cette révélation ainsi promise n’était autre que celle d’un Dieu suprême, l’espérance de s’unir à lui et la menace des peines réservées aux méchants. […] Elle donne à la vertu l’intérêt propre pour principe ; elle prescrit à l’homme de ne pas se blesser lui-même, bien plus que de travailler au salut d’autrui.

891. (1929) Amiel ou la part du rêve

Elle allait donner, à partir de 1848, son pli définitif à la vie d’Amiel. […] Amiel lui-même nous en donne la théorie en ce qui le concerne. […] Il lui donne des poésies à recopier, a préparé une collation. […] Je donnerais tout ce que j’ai, je donnerais encore dix ans, vingt ans de souffrance et de martyre pour que vous soyez heureux. […] Amiel a donné, par son Journal, l’être à l’un d’eux.

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