/ 1788
942. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Soit qu’ils n’aient provoqué chez leurs interlocuteurs, soit qu’ils n’en aient retenu que des discours médiocres, il est certain que le Sainte-Beuve et le Taine, qu’ils font parler, n’auraient jamais écrit ni Port-Royal, ni les Origines de la France contemporaine. […] Par derrière les pièces diplomatiques, les rapports de police, les lettres privées, les discours, les comptes rendus d’assemblées, ils apercevaient des hommes vivants. […] Le précieux recueil des discours prononcés le 29 mars 1905 à la fête donnée en son honneur par ses collègues et ses anciens élèves, enferme le plus émouvant éloge de son enseignement et un tableau non moins émouvant du développement de cette Ecole, une des rares créations privées dont notre bourgeoisie puisse s’enorgueillir. […] La composition de discours français qui lui valut de finir, sur un triomphe au concours général, des études poursuivies parmi de si pénibles angoisses, en est la preuve. […] Ils acceptaient comme un dogme de vérité politique ces paroles prononcées par Napoléon aux Tuileries, à l’occasion d’un discours d’Académie qui lui avait déplu : « Tous mes efforts tendent à faire vivre en paix l’ancienne et la nouvelle France.

943. (1903) Propos de théâtre. Première série

On peut croire même, non pas qu’il les méconnût, les Examens de ses pièces et ses Discours sur le poème dramatique sont pour prouver le contraire, mais qu’il les aimait. […] Les plus beaux discours et les plus beaux récits que je connaisse sont dans Corneille ; Remarquez-le, on était lyrique, aussi, quelquefois, non sans succès. […] Les coupes libres et quelquefois un peu bizarres, les rencontres inattendues de rimes rares, les rejets irréguliers, le gonflement exagéré des périodes, ou, brusquement, la rapidité saccadée d’un discours qui semble s’essouffler à courir, sont les procédés habituels de ce style qui n’est à sa place que dans la comédie bouffe, mais qui y fait merveille. […] Son discours aux Lévites (IV, iii), sauf peut-être la dernière phrase, trop périodique et arrondie, est rude et vibrant, haché, jeté par propositions courtes, chacune nettement découpée par le vers. […] Que les soldats de Dieu entrent : et alors Joas sur le trône ; discours aux Lévites, avec le bras montrant le roi ; serment des Lévites à Joas, serment de Joas à Dieu ; discours religieux pour enchaîner dans les mêmes serments roi et Lévites ; et Josabeth embrassant Joas, et Zacharie et Joas s’embrassant, c’est-à-dire le temple uni au trône, devant l’armée du temple et du trône étonnée, ravie et enflammée ; et le grand prêtre expliquant le symbole en bénissant le groupe : Enfants, ainsi toujours puissiez-vous être unis !

/ 1788