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584. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

II Voilà une vie de combattant, bravement portée, digne du seizième siècle par ses traverses et son énergie ; partout le courage et la force ont surabondé. […] C’est une pensée heureuse, Et digne de César. […] Et le personnage qu’elle regarde En est aussi digne. […] Mais que Jonson rencontre des passions âpres, visiblement méchantes et viles, il trouvera dans son énergie et dans sa colère le talent de les rendre odieuses et visibles, et produira le Volpone, œuvre sublime, la plus vive peinture des mœurs du siècle, où s’étale la pleine beauté des convoitises méchantes, où la luxure, la cruauté, l’amour de l’or, l’impudeur du vice, déploient une poésie sinistre et splendide, digne d’une bacchanale du Titien138. […] Il est allé plus loin, il est entré dans la poésie pure, il a écrit des vers d’amour délicats, voluptueux, charmants, dignes de l’idylle antique169.

585. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Voici maintenant que je n’ai plus que des vices médiocres, ennuyeux, insipides, plus dignes de pitié que de pardon. »          Mediocribus aquas Ignoscos vitiis temor À ce vice épuisé s’arrête la comédie, elle est comme le roi du proverbe : « Où il n’y a rien, le roi perd ses droits !  […] Afin que ses adieux suprêmes fussent dignes d’elle, mademoiselle Mars avait appelé à son aide Molière et Marivaux, ses deux amis fidèles, fidèles jusqu’à la fin ; celui-ci austère, sérieux, solennel, même dans sa vie ; celui-là bienveillant, aimable, charmant, plein de grâce, d’élégance et d’abandon […] D’ailleurs, je le répète, il n’y avait au monde, pour aimer, pour copier Marivaux, que des femmes choisies, et dignes de comprendre un si parfait modèle. […] Elle s’abandonne librement à l’espièglerie de son rôle ; elle est, tour à tour, la fille d’un grand seigneur à l’ancienne marque, et la digne suivante d’une belle dame à la mode des petits appartements ! […] La femme est jeune, belle, intelligente, s’il en fut, et grande et bien taillée pour le drame ; l’homme est digne de sa femme, il est plein de verve et de passion, mais il ressemble un peu à un ours, à un ours qui saurait bien tenir la coupe empoisonnée ou le poignard.

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