Mais s’il n’est pas ennuyeux, au contraire ; s’il a du talent… fourvoyé, mais, après tout, du talent ; s’il intéresse, ou seulement s’il amuse, — ce qui est le petit intérêt après le grand ; si enfin il prend l’âme ou l’esprit par un côté quelconque : c’est plus difficile de le juger. […] Les livres, ces édifices difficiles et lents à construire, impatientaient ses mains rapides et brûlantes et ne furent jamais, sous les siennes, que d’éblouissantes imperfections. […] C’était difficile de faire accepter, même littérairement, l’immanence de saint Michel pendant sept siècles d’histoire. C’était difficile !
J’ai pris sur moi de le dissiper le plus qu’il m’a été possible, en me livrant à des occupations de devoir et de nécessité ; mais, mon cher frère, il est bien difficile d’effacer les profondes impressions du cœur. […] Il s’y conduit d’abord avec habileté et talent ; il fait une diversion en Bohême par une marche savante et difficile, à laquelle Frédéric qui est par-delà, en face de la grande armée autrichienne, applaudit comme à une merveille, espérant toujours communiquer à son frère de ce nerf et de cette vigueur dont il est si pourvu lui-même : il force à son égard la dose de louange, il fait tout pour l’électriser ; mais il n’en vient pas à bout, et la conduite du prince Henri est assez sévèrement qualifiée dans les mémoires que le roi a écrits de la guerre de 1778.