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2085. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

À cette époque, il serait difficile et puéril de rechercher déjà des traces d’influence germanique, pour la bonne raison qu’alors la grande littérature nationale allemande n’existait pas. […] L’autre manière d’écrire est plus difficile, et il est rare que nous songions à la pratiquer. […] Ce qui distingue cette manière de la première c’est la sincérité de l’inspiration ; et il s’agit ici d’une qualité si rare, si difficile à acquérir, qui demande tant d’indépendance, de force d’âme, de recueillement, qu’il n’est peut-être pas un auteur de génie qui l’ait constamment pratiquée.

2086. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Ils ne savent pas que dans ce style l’élégance visible cache une justesse admirable, que s’il est un chef-d’œuvre d’art, il est aussi une peinture des mœurs, que les plus délicats et les plus accomplis entre les gens du monde ont pu seuls le parler et l’entendre, qu’il peint une civilisation comme celui de Shakspeare, que chacun de ces vers, qui semblent compassés, a son inflexion et sa finesse, que toutes les passions et toutes les nuances des passions s’y expriment, non pas à la vérité sauvages et entières comme dans Shakspeare, mais atténuées et affinées par la vie de cour, que c’est là un spectacle aussi unique que l’autre, que la nature parfaitement polie est aussi complexe et aussi difficile à comprendre que la nature parfaitement intacte, que, pour eux, ils restent autant au-dessous de l’une qu’au-dessous de l’autre, et qu’en somme, leurs personnages ressemblent à ceux de Racine comme le suisse de M. de Beauvilliers, ou la cuisinière de Mme de Sévigné, ressemblent à Mme de Sévigné et à M. de Beauvilliers746.

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