À l’instant on aurait vu la même pensée sur tant de visages d’ailleurs si différents ; tous auraient dit : De quel supplice assez cruel pourrons-nous le faire mourir ? […] Or, il me semble que rien n’est plus clair que ceci : Une tragédie romantique est écrite en prose, la succession des événements quelle présente aux yeux des spectateurs dure plusieurs mois, et ils se passent en des lieux différents. […] » Car il me semble que, lorsqu’on rencontre des gens tellement différents de nous, il y a péril à engager la discussion. […] En vérité je l’ignore ; mais ce que je sais, c’est que l’homme qui ne goûte pas Raphaël, et moi, sommes deux êtres d’espèces différentes ; il ne peut y avoir rien de commun entre nous. […] Il ôte aux différentes classes de citoyens le désir d’être aimables aux yeux les uns des autres, et par conséquent le pouvoir de rire aux dépens les uns des autres.
Ici il importe de distinguer deux faits bien différents et dont les effets convergent pourtant : le drame à thèse et le goût du théâtre. […] Vers 1520 l’ère féodale et théocratique est achevée ; depuis quelques années la Renaissance italienne apporte à la France, dans un flot de lumière, une vision du monde toute différente ; la Réforme se prépare ; et François Ier inaugure une royauté nouvelle. […] Romantique dans Salammbô, dans La Tentation, il a créé avec Madame Bovary (1857) le chef-d’œuvre du roman réaliste, qui lui valut les critiques qu’on sait et la cour d’assises ; ce procès ne fut pas rien qu’une erreur ; il fut un malheur pour Flaubert et pour la littérature ; il ne serait pas bien difficile de montrer, par la correspondance et par d’autres documents, que la sévérité des considérants, la lâcheté des critiques et des éditeurs, ont fait dévier Flaubert de sa ligne droite ; la haine du bourgeois nous a privés d’autres chefs-d’œuvre ; et c’est ici, sous une forme nouvelle, un exemple à ajouter à ceux de Molière et de Racine : de l’inintelligence du public à l’égard d’une grande individualité, et de l’influence de ce public sur l’artiste ; l’exemple est différent en ce sens que Flaubert était du moins dans le « genre » de son époque ; il fut ainsi un précurseur, malheureux personnellement, mais suivi bientôt d’une école illustre : Zola, les Goncourt, Daudet, Maupassant. […] Résignons-nous à avoir toujours, dans notre équation, au moins une inconnue ; et, au lieu de races, parlons de nations ; ici nous avons des éléments matériels qu’il est plus aisé d’évaluer à peu près : les dates du groupement, ses vicissitudes, ses intérêts communs, sa situation géographique, ses conditions d’existence, le climat et les esprits directeurs qui sont d’abord un effet, ensuite une cause, de sorte que tout s’enchaîne et que le passé est la force vive de l’avenir. — Le caractère distinctif d’une nation n’est pas, comme plusieurs semblent le croire, dans telle vertu particulière dont cette nation aurait le monopole ; il est dans l’ensemble, dans un certain dosage des qualités et des défauts que possède chaque nation, mais chacune avec une combinaison différente, avec une orientation particulière. […] Par une sorte de fatalité, différents obstacles ont surgi qui l’ont conduit là où il devait, sans le savoir, aboutir » (J.