Pourtant quelle différence, en si peu de temps, entre cette miniature toute gracieuse et l’austère portrait de cette grande dame qui porte le deuil de son mari avec tant d’énergie, de tristesse, de calme et de sainte austérité ! […] Victorieuse de tous côtés, au-delà même de ses espérances, et ne trouvant plus rien à combattre ni personne, la presse française a tourné contre elle-même ses propres armes ; elle s’est dévoré le cœur, comme fait le vautour de Prométhée, avec cette différence cependant, qu’une fois dévoré en entier, ce noble cœur ne renaîtra pas de sa blessure.
… C’est un peu, on le voit, l’application des doctrines collectivistes, avec cette différence essentielle, pourtant, que Émile Zola donne à l’individu un rôle moins diminué, moins asservi… plus créateur, et qu’il laisse à l’être humain une plus large expansion de sa personnalité… Naturellement, cela ne va pas sans résistances, sans secousses, sans luttes… Et Travail est l’histoire de ces luttes et de ces efforts… Histoire infiniment émouvante où, peu à peu, à travers mille péripéties, l’on voit l’esprit nouveau l’emporter sur l’esprit de routine, où, devant les résultats acquis, les transformations lentes et successives, par des gradations habilement ménagées, en des scènes tour à tour terribles et délicieuses, nous assistons à ce spectacle de l’amour triomphant de la haine… jusqu’à la victoire finale, jusqu’à l’apothéose de la petite ville transformée par la joie, réconciliée dans la richesse, sans rien qui puisse, désormais, diviser les hommes, puisque tous ont le même intérêt… et qu’ils peuvent puiser, à pleines mains et à pleines bouches, aux sources de vie !