Même dans l’ordre spirituel, les hommes ont presque toujours été en désaccord avec les décisions de leurs dieux. […] Le péché philosophique — Il ne faut jamais s’attendre à trouver un génie complet, un dieu. […] Sans un dieu moral, c’est-à-dire libre et conscient, il n’y a de morale humaine que celle de l’empirisme. […] Mais, que nous importe l’avenir, et si l’intelligence est vraiment sans action, si ceux qui devraient être imprégnés jusqu’à l’âme ne le sont que jusqu’au derme, si l’animal secoue la tête et se reprend à pétrir son mortier, si l’énergumène enfonce au-delà des oreilles son museau dans la boue, s’il refuse les caresses intellectuelles, si, après des milliers d’années et de remontrances, il en est encore, pitoyable fétichiste, à vénérer une série de dieux inférieurs, pensons au phénomène de l’impénétrabilité : cela nous évitera l’étonnement.
On en a laissé tomber les distinctions et les subtilités byzantines ; on n’y a point introduit les curiosités et les spéculations germaniques ; c’est le dieu de la conscience qui seul y règne ; les douceurs féminines en ont été retranchées ; on n’y trouve point l’époux des âmes, le consolateur aimable, que l’Imitation poursuit dans ses rêves tendres ; quelque chose de viril y respire ; on voit que l’Ancien Testament, que les sévères psaumes hébraïques y ont laissé leur empreinte.