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623. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Disons plus, ces deux langues ont été conservées de préférence à celles de tant d’autres peuples contemporains, parce que la Providence, en permettant qu’elles servissent de barrière contre l’ignorance, les avoit destinées en même temps à transmettre les oracles des divines Ecritures, & à devenir l’une & l’autre par ce moyen, la langue universelle de toutes les Nations éclairées par la lumière de l’Evangile(*). […] Le Monarque jeta des regards bienfaisans sur les Arts & sur les Sciences ; & comme ils devoient tous concourir à sa gloire, le génie commença d’abord par perfectionner la langue destinée à transmettre à la postérité les merveilles de son règne. […]   Rendons graces néanmoins à notre heureuse destinée, du courage, & du succès avec lesquels ce Législateur du Parnasse a combattu & poursuivi le mauvais goût, qui peut-être eût triomphé, escorté comme il l’étoit alors du bel-esprit. […] Le cours des études fini, on entroit dans le monde, non avec ces graces qui doivent tout à l’art, cette confiance hautaine, dont la présomption est la mère, ce ton libre & décidé qu’on applaudit, & qu’il seroit plus sage de réprimer ou de contenir ; mais avec ces graces ingénues, cette candeur aimable, cet embarras modeste, qui annoncent l’innocence des mœurs, cette juste méfiance de soi-même, compagne des vrais talens que l’expérience achève de perfectionner, & qui conduisent aux places destinées à la naissance, briguées par la fortune, accordées à la faveur, & que le mérite attend. […]   Telle est, en général, la destinée de la plupart de nos modernes Athlètes.

624. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

De Maistre, sain de corps et d’esprit, regarde la destinée en face. […] VIII « De cette prérogative redoutable dont je vous parlais tout à l’heure résulte l’existence nécessaire d’un homme destiné à infliger aux crimes les châtiments décernés par la justice humaine ; et cet homme, en effet, se trouve partout, sans qu’il y ait aucun moyen d’expliquer comment ; car la raison ne découvre dans la nature de l’homme aucun motif capable de déterminer le choix de cette profession. […] La capitale du paganisme était destinée à devenir celle du christianisme, et le temple qui, dans cette capitale, concentrait toutes les forces de l’idolâtrie, devait réunir toutes les lumières de la foi. […] On le regardait comme un monument que la distance avait grandi et que l’on croyait destiné à grandir encore dans l’avenir par quelque éclatante reconnaissance de la cour de Turin.

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