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699. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Ducis trouva le sien en ces années par les morts et les pertes réitérées de ses filles, de son ami Thomas, de sa mère : il en sortit le grand vieillard religieux, biblique, l’anachorète que nous allons voir, à la voix sonnante, au verbe enflammé ; mais le tragique ne donna plus que de rares et derniers fruits à l’extrémité du rameau. […] Je m’en console : le voyage de ma douloureuse vie est bien avancé. » La mort de sa mère fut un dernier coup et l’étonna comme s’il n’était pas dans l’ordre naturel que les fils survécussent à leur mère. Son âme chrétienne s’épanchait devant Deleyre avec un mélange et une plénitude de douceur et d’amertume dans les larmes : « Je l’ai embrassée pour la dernière fois à cinq heures et demie du soir, le 30 du mois dernier (juillet 1787), sans qu’elle ait pu me voir ni m’entendre. […] Et enfin, après d’insatiables retouches et remaniements de cet éternel cinquième acte d’Hamlet, et lui-même la tête encore toute fumante d’une dernière refonte : « Je lui écris (à Talma) que mon nouveau cinquième acte, refait à ma guise, à ma cuisine, est terminé, et que je ne le conçois et ne le concevrai jamais que de cette manière. […] Il disait qu’il avait encore l’esprit vindicatif, et qu’il préparait un bon tour à ses envieux ; c’était une autre pièce qui vaudrait mieux que sa dernière… A la fin de notre visite, le frère de M. 

700. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

À Londres, Othello, quand sa jalousie est portée au dernier excès, s’approche du lit où Desdémona s’est couchée, la regarde avec un tendre regret, l’embrasse, l’envisage encore, et lui donne de nouveaux baisers. […] Chez les Allemands, un Mortimer est si passionnément épris de Marie Stuart qu’il la presse de profiter du dernier quart d’heure qui reste, avant qu’elle monte à l’échafaud. […] L’un des derniers progrès des auteurs romantiques a été de dresser l’échafaud ou la potence sur le théâtre ; c’est la perfection du genre. Mais quels sont donc, je vous prie, vos spectateurs, s’il leur faut des combats de gladiateurs, des victimes humaines livrées aux bêtes féroces, et des bourreaux enfin pour derniers personnages de vos poèmes ? […] Othello, tragédie de Ducis, Acte V, Scène dernière.

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