D’après ce qui nous est transmis de ces conversations, on sent combien l’instinct de Napoléon excédait et débordait le cadre de la littérature de son temps : soit qu’il causât avec Arnault, soit que plus tard il causât avec Fontanes, il demandait évidemment autre chose que ce qu’on lui offrait. […] Vous le voyez, général, le secret transpire. » — « Ces Anciens sont gens timorés ; ils demandent encore vingt-quatre heures de réflexion. » — « Et vous les leur avez accordées ! […] Pourtant le germe tant méprisé, Le germe, au fond du cœur Chêne dès sa naissance, demande grâce et indulgence pour sa jeunesse ; il demande du temps pour croître et grandir ; le temps lui vient en aide : Les Buissons, indignés qu’en une année ou deux Un Chêne devînt grand comme eux, Se récriaient contre l’audace De cet aventurieur qui, comme un champignon, Né d’hier, et de quoi ? […] L’inconvénient de ce genre facile est, pour les gens d’esprit, de les trop livrer à leur penchant et de trop marquer leur humeur : le talent demande à être plus gêné et plus contrarié que cela.
La rêverie, qui accepte volontiers les songes pour se proposer des énigmes, pouvait se demander à quels hommes avaient appartenu ces tibias de trois toises de haut. […] En 1599, pendant que le conseil privé, à la demande de sa majesté, délibérait sur la proposition de mettre à la question le docteur Hayward pour avoir volé des pensées à Tacite, il fit Roméo et Juliette. […] En 1602, pendant que, pour obéir au pape, le roi de France, qualifié renard de Béarn par le cardinal neveu Aldobrandini, récitait son chapelet tous les jours, les litanies le mercredi et le rosaire de la vierge Marie le samedi, pendant que quinze cardinaux, assistés des chefs d’ordre, ouvraient à Rome le débat sur le molinisme, et pendant que le Saint-Siège, à la demande de la couronne d’Espagne, « sauvait la chrétienté et le monde » par l’institution de la congrégation de Auxiliis, il fit Othello. […] Vers la fin du siècle, il était assez riche pour que le 8 octobre 1598 un nommé Ryc-Quiney lui demandât un secours dans une lettre dont la suscription porte : à mon aimable ami et compatriote William Shakespeare. […] Dryden, catholique converti, avait deux fils huissiers de la chambre de Clément XI, il faisait des tragédies dignes d’être traduites en vers latins, comme le prouvent les hexamètres d’Atterbury, et il était le domestique de ce Jacques II qui, avant d’être roi pour son compte, avait demandé à Charles II son frère : Pourquoi ne faites-vous pas pendre Milton ?