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492. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Ce mode de démonstration appliqué à la littérature suppose tout un art qui se dérobe, et qui n’est au-dessous d’aucune science ni d’aucune supériorité critique, si élevée et si distinguée qu’elle soit ; car il ne s’agit pas ici simplement de se faire petit avec les petits, il faut se faire souple avec les rudes, insinuant avec les robustes, en restant sincère toujours, de cette sincérité qui ne veut que le beau et le bien ; il faut arriver à inoculer une sorte de délicatesse dans le bon sens, en fortifier les parties simples, en rabattre doucement les tendances déclamatoires, plus innées en France qu’on ne le croirait, dégager enfin dans chacun ce je ne sais quoi qui ne demande pas mieux que d’admirer, mais qui n’a jamais trouvé son objet. […] J’en demande bien pardon, je désire ici tout simplement qu’on fasse désormais pour tout le monde ce que Bossuet, en son temps, faisait pour M. le Dauphin dans cet admirable Discours qui, par malheur, s’arrête à Charlemagne, là où le développement moderne allait commencer. […] On parvint à le sauver, et on lui demanda pourquoi il avait voulu se noyer ; il répondit que c’était de désespoir d’avoir entrevu de si belles choses, et de sentir qu’il en était exclu par son ignorance. » On leur dirait : « Tout Grec libre savait écrire. […] C’est un germe qui, évidemment, ne demande qu’à vivre. […] Si l’on me demande ce que j’entends par ce mot, je répondrai que j’entends cette amélioration dans un sens qui ne saurait être contesté par les honnêtes gens d’aucun parti et d’aucune nuance d’opinion.

493. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

« Je pris, ajoute Dangeau, la liberté de lui demander, comme il rentrait dans sa chambre, s’il était content de la princesse ; il me répondit qu’il l’était trop, et qu’il avait peine à contenir sa joie. » Un quart d’heure après, le roi revient la voir : « Il la fit causer, regarda sa taille, sa gorge, ses mains, et puis ajouta : Je ne voudrais pas la changer en quoi que ce soit au monde pour sa personne. […] Que la princesse réussisse et plaise, qu’elle charme et amuse, qu’elle embellisse la Cour et l’égaie, qu’elle ait ensuite un bon confesseur, un confesseur jésuite et sûr, et que pour le reste elle soit et fasse comme il lui plaira, le roi son grand-père ne lui demande rien autre : c’est là l’impression qui résulte pour moi de cette lettre. Mais il serait par trop bourgeois à nous d’aller demander au grand roi un genre de sollicitude qui serait celle d’un père de famille ordinaire. […] Elle demandait son pardon avec tant de bonne grâce et de soumission par lettre, avec tant de gentillesse et de folâtrerie de vive voix, qu’elle était bien sûre de l’obtenir. […] Après cela, je ne demande pas mieux que de conclure avec Mme de Caylus, qui, en admettant le goût de la princesse pour M. de Nangis, se hâte d’ajouter : « La seule chose dont je doute, c’est que cette affaire soit allée aussi loin qu’on le croit, et je suis convaincue que cette intrigue s’est passée en regards, et en quelques lettres tout au plus. » Madame Henriette d’Angleterre, duchesse d’Orléans et grand-mère de la duchesse de Bourgogne, disait, au moment de mourir, à Monsieur, à qui elle était suspecte : « Hélas !

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