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355. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Elles recherchent d’intenses et délicates créations, compréhensibles souvent à deux ou trois âmes seulement. […] Mais un jour vient où, pour les âmes très délicates, les signes de l’art apparaissent trop sensibles, incapables désormais d’être négligés. […] Emportés par une subite fièvre généreuse, ils cessèrent d’être réalistes : ils perdirent ainsi le pouvoir de toucher les âmes un peu délicates. […] Un charme délicat nous pénètre, un subtil parfum, une légère coulée de sons doux et purs. […] Tantôt il nous l’a fait voir comme un jeu sans portée, un passe-temps délicat dont on peut user en toutes manières.

356. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

J’avais eu dès longtemps l’idée que le plus gai, le plus franc, le plus copieux et le plus ample de nos chansonniers manquait en effet à une série déjà si longue de poëtes, et qu’après tous ces élégiaques, tous ces lyriques, tous ces sensibles et ces délicats, presque tous mélancoliques et plaintifs, il fallait, lui aussi, l’introduire, dût-il venir un peu tard, pour être le boute-en-train de la bande. […] « La Muse, pour se confier, veut une oreille apaisée, un esprit fin et un cœur délicat. » Cela est vrai et le sera toujours des muses discrètes, tendres ou sévères. […] Son père, qui était venu s’établir à Paris, le mit pour faire ses études au collége Mazarin, et l’écolier, en terminant, y eut pour professeur de rhétorique Geoffroy, nature peu délicate assurément, mais plus nourri de l’antiquité et des Grecs qu’on ne l’était généralement alors, même au sein de l’Université. […] Que si, sous sa forme purement folâtre et dans la voix bruyante de l’ivresse, elle est moins faite pour séduire les âmes délicates et tendres, elle prend parfois aussi des accents d’une telle richesse, d’une folie si éclatante et si sincère, qu’elle a force de poésie à son tour, et que, bon gré mal gré, elle entraîne.

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