La belette est peut-être l’animal qui pourrait donner lieu à la plus curieuse dissertation sémantique. […] L’idée de jaune s’exprime en français par bouton d’or, jaunet, bassin d’or, fleur au beurre, idées que l’on retrouve dans le suédois et le danois, smorblomster (smœr, beurre), dans l’allemand dialectal, botterblum (fleur de beurre), dans l’anglais, butter-rose, golden cup, horse-gold : cette dernière image, qui appelle les fleurs de la renoncule l’or du cheval, est particulièrement curieuse. […] Le français nielle n’a, sans doute, jamais contenu l’idée qui est évidente dans nigella ; pour la retrouver, il faut aller chercher les formes verbales où la nielle est appelée l’herbe au poivre187 et voici la poivrette, la piperelle, les spezii, les épices (Parme), l’alipivre (portugais) ; on trouve en allemand Schwarz kümmel, (le carvi noir) mais les langues modernes ont surtout baptisé la nielle d’après sa très vague ressemblance avec des cheveux, de la barbe, de la laine, une toile d’araignée et, rencontre assez curieuse, la nielle et l’agnelle, si différentes sémantiquement, ont fraternisé sur le terrain phonétique : on trouve dans le domaine d’oc, les formes niella, gniella, niello, aniello, aniella et, en Piémont, agnela.
Leur vertu se satisfait elle-même. » Il y a peu de chose de plus curieux, pour moi, que Pascal faisant une fable de La Fontaine, et cette fois, il l’a faite. […] Le passage est très curieux : « N’est-ce pas traiter indignement la raison que de la mettre en parallèle avec l’intelligence des animaux, puisqu’on en donne la principale différence, qui consiste en ce que les effets du raisonnement augmentent sans cesse chez nous, au lieu que l’instinct demeure toujours dans un état égal. […] Théodule Ribot, des observations extrêmement curieuses, des « observations » dans le sens médical du mot, extrêmement intéressantes à cet égard.