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420. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Cependant sa mère commençait à craindre trop de penchant en elle vers les bonnes carmélites ; elle croyait trouver que ce blond et angélique visage ne s’apprêtait pas à sourire assez au monde brillant qui l’allait juger sur les premiers pas. […] On la voit dans ses conseils près de M. le Prince, à Saint-Maur, tantôt vouloir l’accommodement parce que M. de La Rochefoucauld le désire, tantôt vouloir la rupture parce que la guerre l’éloigne de son mari, « qu’elle n’avoit jamais aimé, dit Retz, mais qu’elle commençoit à craindre. » Et il ajoute : « Cette constitution des esprits auxquels M. le Prince avoit affaire eût embarrassé Sertorius165. » Fâcheux et bizarre augure ! […] Elle appréhende désormais de retrouver l’orgueil en tout, et cette docilité même, qui paraît le seul endroit sain de son âme, lui devient suspecte ; elle craint de n’être docile qu’en apparence, et parce qu’en obéissant on plaît, qu’on regagne par là l’estime qu’on a perdue. […] Lemontey, dans une notice spirituelle, mais sèche et légère, n’a pas craint de l’appeler une âme théâtrale et vaine.

421. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Quant au commun des habitants dont le logis est étroit, mais passable, ils craignent les déménagements, ils tiennent à leurs habitudes. […] Cela fait frémir… » Déjà, dans le monde, le rôle d’un ecclésiastique est difficile ; il semble qu’il y soit un pantin ou un plastron506. « Dès que nous y paraissons, dit l’un d’eux, on nous fait disputer ; on nous fait entreprendre, par exemple, de prouver l’utilité de la prière à un homme qui ne croit pas en Dieu, la nécessité du jeûne à un homme qui a nié toute sa vie l’immortalité de l’âme ; l’entreprise est laborieuse, et les rieurs ne sont pas pour nous. » — Bientôt le scandale prolongé des billets de confession et l’obstination des évêques à ne point souffrir qu’on taxe les biens ecclésiastiques soulèvent l’opinion contre le clergé et, par suite, contre la religion. « Il est à craindre, dit Barbier en 1751, que cela ne finisse sérieusement ; on pourrait voir un jour dans ce pays-ci une révolution pour embrasser la religion protestante507. » — « La haine contre les prêtres, écrit d’Argenson en 1753, va au dernier excès. […] Chacun croyait marcher à la perfection, sans s’embarrasser des obstacles et sans les craindre. […] À ce moment, dit un contemporain547, « la pitié la plus active remplissait les âmes ; ce que craignaient le plus les hommes opulents, c’était de passer pour insensibles ».

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