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256. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Ils s’avilirent de façon, & se livrèrent à une telle licence, que les derniers qui portèrent ce nom, craints & méprisés, furent chassés honteusement. […] Mais n’avons-nous pas à craindre, malgré de si grandes lumières acquises depuis, d’éprouver un jour le même sort ? […] Ne diroit-on pas que ces Juges injustes, si délicats à la fois & si rigoureux, craignent qu’il ne renaisse de sa cendre ? […] Encore, s’il n’y eût eu à la lecture de tant d’Ecrits frivoles d’autre perte à craindre que celle du temps ! […] mettons-les à l’abri de toute censure, & rendons-les dignes de voir le jour, sans le craindre.

257. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

À neuf heures du matin un feu de cheminée qui se communique à la chambre de fumisterie, et qui nous fait craindre un incendie de la maison. […] Et il laisse échapper qu’il craint que j’aie noirci Jupillon et adouci Germinie. […] La vie de théâtre a cela, qu’elle donne la fièvre à votre cervelle, qu’elle la tient, tout le temps, dans une excitation capiteuse, et qui vous fait craindre, quand vous en serez sorti, que la vie tout tranquillement littéraire du faiseur de livres, paraisse bien vide, bien fade, bien peu remuante. […] Au milieu de la tirade dramatique du neuvième tableau, dite d’une manière trop mélo, par Mme Crosnier, Porel lui crie : « Mouchez-vous là, et ne craignez pas de vous moucher bruyamment. » Or, cette chose humaine fait la tirade nature, et lui enlève le caractère théâtre qu’elle avait, avant. […] à la sortie de chez moi, un brouillard qui me fait craindre, que les voitures ne puissent pas circuler, ce soir.

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