L’opéra et le ballet de cour. — 2. […] La Fronde était vaincue, et le règne de Louis XIV commençait : la forme supérieure de la vie sociale devenait la vie de cour, brillante et vide ; la noblesse, exclue du gouvernement de l’État, n’avait plus d’autre affaire que de se montrer au roi, et de faire la cour aux dames. […] Ce fut le divertissement favori de la cour de Louis XIV, à laquelle rien ne donna plus d’éclat et de somptueux éblouissement. […] Il suivit la cour en divers voyages, pendant plusieurs campagnes, jusqu’en 1695. il avait pris sa tâche à cœur, et s’instruisait avec soin : mais était-il possible de faire histoire de Louis XIV pour Louis XIV ? À partir de 1677, Racine se partage entre sa petite famille et la cour : il était fin, spirituel, plein de tact : « rien du poète, dit Saint-Simon, et tout de l’honnête homme ».
La Fontaine à la cour en eût pris les airs, par facilité d’humeur et par imitation. N’avait-il pas été bel esprit un moment à la cour de Fouquet ? […] Pour Molière, la galanterie de la cour ne l’inspire guère mieux, et le français n’est là ni de tradition ni de génie. Il choque moins pourtant que dans la bouche d’un Mithridate, d’un Achille, transformés par moments en doucereux de la cour de Louis XIV. […] Molière avait les soins de son théâtre ; Racine et Boileau, des charges de cour.