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648. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Voici une réimpression audacieuse et superbe, comme la librairie qui tiendrait à bien mériter des Lettres devrait plus souvent en risquer : ce sont les Contes drolatiques 6 de Balzac, qui devaient former un collier de cent pierres précieuses, collier brisé tout à coup sous les doigts découragés du merveilleux joaillier qui les avait serties et qui en opposait et en accordait les feux comme s’il avait été le musicien de la lumière. […] Un jour, s’il n’y prenait pas garde, le dernier trait du dessinateur pourrait disparaître dans le prestige, et la magie dévorer du coup le sorcier. […] Dans la rage de son coup, il a cassé son épée, et quelle épée ! […] Et ils l’ont introduite dans l’esprit des lecteurs aussi, qui ne sauront plus où ils en seront quand ils voudront apprendre comment s’est développé cet esprit, prodigieux de toutes manières, autant par sa nature que par ses développements, d’abord difficiles, mais qui, tout à coup, à un certain moment, partit en ligne droite, et foudroyant, comme le plus plein des boulets, après avoir fait, comme un boulet creux, tant de paraboles ! […] Alors, ce sera une introduction qui n’introduira à rien, et c’est à cette édition projetée, que vous publiez, non plus d’un seul coup, mais à petits coups et par volumes, que je veux être introduit, comme disent les anglais.

649. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Il n’en veut qu’un peu plus au Mazarin pour sa belle maison des champs à Cormeilles près Argenteuil, qui a été pillée ; il y a perdu d’un coup de filet deux mille écus, et il compte bien que tôt ou tard le ministre impopulaire paiera pour ce méfait dont il a été cause et pour tant d’autres. […] Mais ces grands débordements s’arrêtent tout d’un coup et tombent au seul nom du roi : Bayle a déjà remarqué que, sur cet article, le respect de Gui Patin ne se dément jamais. […] C’est au même M. de Lamoignon que, bien des années auparavant, en mai 1645, Gui Patin, se trouvant à Bâville, dit ce mot singulier et si souvent cité, que « s’il eût été dans le Sénat lorsqu’on tua Jules César, il lui aurait donné le vingt-quatrième coup de poignard ». […] Une grande douleur des dernières années de Gui Patin, ce fut l’aventure fâcheuse et l’exil de son second fils Charles, de celui qu’il aimait le plus tendrement, et qui dut s’expatrier en 1668 sous le coup d’une accusation vague et grave.

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