Eschyle est épique et gigantesque lorsqu’il fait retentir le rocher sur lequel les Cyclopes attachent Prométhée et que les coups de leurs marteaux en font sortir les nymphes effrayées ; il est sublime lorsqu’il exorcise Oreste, qu’il réveille les Euménides qu’il avait endormies, qu’il les fait errer sur la scène et crier : Je sens la vapeur du sang, je sens la trace du parricide, je la sens, je la sens… et qu’il les rassemble autour du malheureux prince qui tient dans ses mains les pieds de la statue d’Apollon.
L’apostrophe est diférente des autres figures, parce que ce n’est que dans l’apostrophe qu’on adresse tout d’un coup la parole à quelque persone présente, ou absente, etc. […] Mais il ne faut pas croire qu’il soit permis de prendre indiférenment un nom pour un autre, soit par métonymie, soit par synecdoque : il faut, encore un coup, que les expressions figurées soient autorisées par l’usage ; ou du moins que le sens litéral qu’on veut faire entendre, se présente naturèlement à l’esprit sans révolter la droite raison, et sans blesser les oreilles acoutumées à la pureté du langage. […] Je fus plus touché de voir tout d’un coup les murailles ruinées de Corinthe, que ne l’étoient les corinthiens même, ausquels l’habitude de voir tous les jours depuis longtems leurs murailles abatues avoit aporté le calus de l’anciéneté.