Ses courtes notices sur Jésus, sur Jean-Baptiste, sur Juda le Gaulonite, sont sèches et sans couleur. […] Le caractère des deux langues dans lesquelles il est écrit ; l’usage de mots grecs ; l’annonce claire, déterminée, datée, d’événements qui vont jusqu’au temps d’Antiochus Épiphane ; les fausses images qui y sont tracées de la vieille Babylonie ; la couleur générale du livre, qui ne rappelle en rien les écrits de la captivité, qui répond au contraire par une foule d’analogies aux croyances, aux mœurs, au tour d’imagination de l’époque des Séleucides ; le tour apocalyptique des visions ; la place du livre dans le canon hébreu hors de la série des prophètes ; l’omission de Daniel dans les panégyriques du chapitre XLIX de l’Ecclésiastique, où son rang était comme indiqué ; bien d’autres preuves qui ont été cent fois déduites, ne permettent pas de douter que le Livre de Daniel ne soit le fruit de la grande exaltation produite chez les Juifs par la persécution d’Antiochus. […] Faut-il pour cela renoncer à toute la couleur des récits et se borner à l’énoncé des faits d’ensemble ? […] Les lois intimes de la vie, de la marche des produits organiques, de la dégradation des nuances, doivent être à chaque instant consultées ; car ce qu’il s’agit de retrouver ici, ce n’est pas la circonstance matérielle, impossible à contrôler, c’est l’âme même de l’histoire ; ce qu’il faut rechercher, ce n’est pas la petite certitude des minuties, c’est la justesse du sentiment général, la vérité de la couleur.
Sur le fond d’un paysage d’hiver, joliment neigeux, Mme de Nittis se détache dans une robe couleur d’une rose gloire de Dijon, les épaules et les bras nus, balayés de dentelles, dont le tuyautage est de ce blanc, de ce rose, de ce jaune qui ne sont, pour ainsi dire pas, des couleurs. […] Au khédive succède le duc de Ripalda, qui a longtemps voyagé dans les déserts de l’Amérique méridionale, ces déserts d’herbe qui recouvrent un cavalier et son cheval et qui nous entretient du sentiment douloureux d’infériorité, qu’on éprouve dans ces contrées, quand les Européens comparent leurs sens aux sens des Indiens. « Nous, nous sommes des aveugles, disait-il, rappelant un jour que son guide lui signalait à l’horizon, cinq chevaux avec le détail de leurs couleurs, chevaux qu’il ne voyait que quelques minutes après, et encore avec une lorgnette. […] * * * — Dos de jeune fille du peuple : reins carrés se dessinant sous des renflements de jeune graisse, nuque de cariatide à la couleur brune orangée, sur lequel brille un collier de gros grains de verre, oreilles aux extrémités écarlates.