Edmond de Goncourt s’intéresse à tout avec passion, il voit tout, il sent tout, des choses que, même après Stendhal et Balzac, nous ne nous étions pas avisés de voir et de sentir, et il a, pour les exprimer, un style singulièrement vivant et multiple, qui rend — presque physiquement — la couleur, le dessin, l’odeur, le frémissement, le reflet.
Essai sur les règnes de Claude et de Néron Livre second A MONSIEUR NAIGEON Je vais parler des ouvrages de Sénèque sans prévention et sans partialité : usant avec lui d’un privilége dont il ne se départit avec aucun autre philosophe, j’oserai quelquefois le contredire. Quoique l’ordre, selon lequel le traducteur en a rangé les traités, ne soit pas celui de leur date, je m’y conformerai, parce que je ne vois aucun avantage à m’en éloigner. Cette courte analyse achèvera de dévoiler le fond de l’âme de Sénèque, le secret de sa vie privée, et les principes qui servaient de base à sa philosophie spéculative et pratique. Je vais donc commencer par les Lettres, transportant dans l’une ce qu’il aura dit dans une autre, généralisant ses maximes, les restreignant, les commentant, les appliquant à ma manière247, quelquefois les confirmant, quelquefois les réfutant ; ici, présentant au censeur le philosophe derrière lequel je me tiens caché ; là, faisant le rôle contraire, et m’offrant à des flèches qui ne blesseront que Sénèque caché derrière moi. Des lettres de Sénèque I.