Aujourd’hui encore, il en est qui continuent à « s’exciter » sur les cadavres des villes mortes, qui prennent on ne sait quel plaisir innommable à soulever les linges et à remuer les puanteurs des vieilles corruptions. […] Si nous ne considérions que les services qu’elle a rendus et qu’elle continue à rendre, nous devrions déjà estimer la Poésie à un prix infini. […] Mais ce type, c’est le résultat séculaire d’une sélection lente, continue, consciente d’elle-même. […] — il est encore de beaux fils de France, taillés pour la lutte et la volupté, qui sont avides de continuer la vie des ancêtres selon son idéal de gloire, de justice et de raison.
Quoi qu’il en soit, Massillon apparut dans toute sa force et dans toute sa beauté d’orateur sacré dès cette première époque de 1699 à 1704 et à ce point de réunion des deux siècles : il montra que le grand règne durait toujours, et que jusqu’en ce dernier automne la postérité des chefs-d’œuvre s’y continuait. […] Buffon, qui estimait Massillon le premier de nos prosateurs, semble l’avoir eu présent à la pensée lorsque, dans son Discours sur le style, il a dit : Pour bien écrire, il faut donc posséder pleinement son sujet ; il faut y réfléchir assez pour voir clairement l’ordre de ses pensées et en former une suite, une chaîne continue, dont chaque point représente une idée ; et, lorsqu’on aura pris la plume, il faudra la conduire successivement sur ce premier trait, sans lui permettre de s’en écarter, sans l’appuyer trop inégalement, sans lui donner d’autre mouvement que relui qui sera déterminé par l’espace qu’elle doit parcourir.