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425. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Comme on sent, quelques lignes plus loin, l’homme qui a le sentiment de sa supériorité sur ses contemporains, de son égalité de niveau avec les plus hauts caractères et les plus vastes intelligences de l’antiquité ! Comme on y sent contre la fortune ce juste et muet mépris qui est la vengeance éternelle des hommes écrasés par l’iniquité de leurs contemporains ! […] Ainsi on le voit, à ce retour de Rome, en correspondance avec son célèbre contemporain Guicciardini sur des représentations de la Mandragore, que Guicciardini veut faire jouer à Modène. […] L’auteur des Commentaires sur Tite-Live et de l’Histoire de Florence, ouvrages où le goût de la vertu se fait sentir aussi éloquemment que le génie du style ; l’homme dont la vie privée et la vie publique méritèrent à juste titre la renommée d’homme de bien n’eut certes jamais la pensée de personnifier en soi un Tibère, un Néron, un monstre en horreur à Dieu et à soi-même, en mépris de ses contemporains et de la postérité. […] XX Mais un livre de Machiavel sur lequel il n’y a qu’un sentiment, c’est son Histoire de Florence ; toute la théorie de l’Italie classique, de l’Italie contemporaine de Machiavel et de l’Italie actuelle, est dans ce livre, quand on est capable de comprendre la logique historique des événements et la nature des nations.

426. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

Constituer la théorie des droits et des devoirs de l’homme, sans rien demander non-seulement à la religion, mais à la philosophie ; poser la morale à titre de science première, et qui ne relève que d’elle-même ; l’affranchir de la nécessité préalable d’une doctrine métaphysique dont elle ne serait que la conséquence : telle est la tâche qu’ont poursuivie quelques contemporains. […] Si l’on admet, et les faits nous y contraignent, que les sciences particulières se détachent d’elle une à une dans la suite des temps, à des intervalles trés-variables ; si l’on accorde que cette rupture se produit naturellement par l’accumulation des faits, le travail incessant de l’analyse et la nécessité de se spécialiser ; si l’on remarque enfin que la psychologie, chez quelques contemporains, est déjà presque indépendante, que la morale voudrait l’être, et que la logique n’est qu’une partie de la psychologie, on entrevoit pour un avenir plus ou moins lointain la possibilité de scissions nouvelles, et d’un nouvel appauvrissement de la philosophie, en apparence au moins. […] Telles les mathématiques avec Archimède et Euclide, l’astronomie avec Keppler et Copernic, la physique avec Galilée, Huyghens, Newton, la chimie avec Lavoisier, la biologie avec Bichat et les contemporains, la science du langage avec Bopp et Max Muller. […] Notre dessein est de montrer que la psychologie peut se constituer en science indépendante, de rechercher à quelles conditions elle le peut, et de voir si chez plusieurs contemporains cette indépendance n’est pas déjà un fait accompli. […] Une étude complète de la psychologie anglaise contemporaine devrait comprendre nécessairement ces deux écoles.

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