Car il faut bien s’entendre quand on dit, (avec les contemporains de Corneille et avec Corneille lui-même), (mais il était pour lui-même un assez mauvais contemporain), que toute tragédie de Corneille présente un conflit entre la passion et le devoir, conflit qui se termine toujours par le triomphe du devoir. Lui-même il parlait ainsi et il en convenait, mais c’était un être qui manquait essentiellement d’orgueil, de l’orgueil le plus juste, et qui défendait mal son œuvre devant les critiques, et qui défendait mal son génie devant les contemporains, et qui rendait les armes, et qui condescendait volontiers, et qui disait comme eux.
Rousseau contre Molière J’examinerai cette question dans l’ordre suivant : jugement de Rousseau sur la comédie de Molière le Misanthrope ; autres pièces de Molière blâmées par Rousseau ; silence peut-être significatif de Rousseau sur d’autres pièces de Molière ; griefs généraux de Rousseau contre Molière ; idées générales de Molière et de Rousseau. Cet ordre ropalique, je veux dire qui élargit progressivement la question, n’est peut-être pas le meilleur. Après délibération, il m’a paru celui qui était pour moi le plus commode. Je crois du reste que le public est assez indifférent à l’ordre qu’on suit, pourvu qu’il y en ait un et qu’on s’y tienne. Je n’ai pas du tout traité ici la question de Rousseau ennemi du théâtre.