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589. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Aux yeux de la raison positive, il est absurde d’aspirer de toutes ses forces et de tout son enthousiasme à une immortalité aussi coûteuse que vaine, quand on ne croit point à la survivance de la conscience personnelle, puisqu’on ne pourra pas jouir de sa conquête. […] Tous, qu’ils en aient ou non conscience, font une œuvre individuelle périssable, et travaillent à une œuvre collective qui seule est éternelle. […] Il faut qu’une pensée désintéressée et généreuse, venant recouvrir l’égoïsme fondamental, l’absorbe, l’annihile et lui fasse perdre la conscience de lui-même. […] C’est seulement dans les siècles antérieurs à la littérature proprement dite, avant que l’individu eût pris conscience de lui-même, que l’anonymat a pu être accepté comme la condition naturelle de la poésie. […] Préférence vraiment insensée, et qui n’est explicable à la raison de l’égoïste que par l’espérance enracinée au fond de notre être d’une survivance de l’âme et de la conscience personnelle !

590. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Bref, lui aussi a une conscience. […] Ils ont, comme nous, des consciences bizarres, des consciences obscures, hypocrites ou intermittentes… Oui, ce sont bien des hommes. […] Il n’est pas méchant, et même il a une conscience. […] Cleopâtre est une conscience délicate. […] Mais il a conscience de la noblesse de son rôle.

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