Ce qui me stupéfie, c’est que nos auteurs dramatiques ne paraissent pas se douter un instant que le genre historique est forcément le plus ingrat, celui où les recherches, la conscience, le talent profond d’intuition et de résurrection sont le plus nécessaires. […] Le voilà sur le trottoir : il traitera de sot tout ami qui viendra lui raconter la rupture de son mariage avec une demoiselle riche, en lui soumettant les scrupules de sa conscience ; il serrera avec affection la main d’un charmant garçon, dont le père s’est enrichi en nourrissant, nos soldats de vivres avariés. […] en toute conscience, je trouve les Romains de Rome vaincue autrement vivants que les frondeurs de Coq-Hardy. […] Il est homme de travail et de conscience. […] Mais pouvons-nous descendre dans cette conscience et dire sous quelle amertume cet homme a succombé !
Flaubert s’est appliqué avec une haute conscience dans Madame Bovary. […] Mais il est nécessaire de scruter sa conscience et de peser les péchés de son cœur, en redoutant le jugement et la colère de Dieu… Et Dagobert ajouta qu’il voulait léguer ses biens aux basiliques des saints, et qu’il allait faire écrire quatre testaments. […] as-tu conscience du malheur de ton maître qu’un misérable a aveuglé, après avoir dompté son esprit avec le vin ? […] Nietzsche outrait à peine lorsqu’il écrivait : « Voltaire fut le dernier des grands poètes dramatiques qui entrava par la mesure grecque son âme aux mille formes, née même pour les plus grands orages tragiques, — il pouvait ce qu’aucun Allemand ne pouvait encore, parce que la nature du Français est beaucoup plus parente de la grecque que la nature de l’Allemand ; — de même qu’il fut aussi le dernier grand écrivain qui, dans le maniement de la langue de la prose, eut l’oreille d’un Grec, la conscience d’artiste d’un Grec, la simplicité et l’agrément d’un Grec… » *** Shakespeare n’était pas sans doute aussi docte que Dante ou Pétrarque, mais il avait beaucoup lu, et son instinct le conduisit tout droit vers les sources où il lui fallait puiser.